"Parcours Croisés"- Chapitre 17

Parcours croisés – Mercredi soir
Chapitre 17
Martina

Quand Annie est revenue, vers 17 heures, Véronique était déjà arrivée depuis 10 minutes. Alain découpait les poivrons et les tomates pour mettre dans ma salade de riz. Les œufs durs et le riz étaient en train de cuire, et j’avais déjà mis une tarte au four. Annie et Véro se sont assises avec nous autour de la table de cuisine, et ont commencé à plaisanter, critiquant le travail d’Alain, me conseillant de faire des épluchures plus fines, et mangeaient les morceaux de pommes que je coupais pour ma seconde tarte :
- Si vous mangez tout à mesure que je les coupe, j’y arriverai jamais …
Véro a abandonné les pommes et a pioché un morceau de tomate :
- Aïe ! … il m’a tapé sur les doigts !
- C’est un mec ! … les mecs ça raisonne pas, ça cogne !
- Il te cogne ton mec ?
- Manquerait plus ça !
- Ben ça arrive ! Tu vois, Alain, il en a pas l’air, mais … je sais, moi …
- Il t’a déjà frappée ?
- Moi non ! Mais j’ai vu des traces … là !
… et Véro plante un doigt dans le sein de Martina.
Elle se lève, se glisse derrière Martina, et prend ses seins à deux mains, les cajolant :
- Pôv ‘tit Tina … Y z’étaient tout mâchés !
Martina, toujours en train de peler ses pommes :
- Pour le coup, vous allez voir la taille des épluchures ! vous vous plaindrez pas …
Alain joue les jaloux :
- Et moi alors ! vous voulez savoir où elle m’a fait mal ?
Annie se précipite derrière Alain et lui masse les pectoraux …
- Bon ! les filles, si vous nous donniez un coup de main, plutôt !
- Ben c’est ce qu’on fait non ?
… en continuant leurs massages …

Les salades prêtes, la seconde tarte au four, Alain prépare son punch : Rhum, jus de fruit, curaçao, morceaux d’ananas ; le champagne, il le versera au dernier moment ; tous les quatre goûtent quand même …
Vers 19 heures, Annie est partie se changer chez elle, Véro est allée s’habiller dans la salle de bain.


Alain est resté en bermuda, et a enfilé un polo propre, pendant que je m’habillais dans la chambre.
Nous sommes arrivées toutes les trois en même temps dans le salon, chacune par une entrée différente. Jonathan et Christophe étaient arrivés. L’un avait un boîte de pâtisserie dans les mains, l’autre portait deux bouteilles de vin ; Alain mettait un CD dans le lecteur. Ils sont restés figés, gestes suspendus, leurs regards allant de l’une à l’autre. Annie venant de la terrasse, Véro à une entrée du salon et moi à l’autre. Nous étions habillées exactement pareil : fin caraco noir à fine bretelles, à l’évidence pour toutes les trois sans soutien-gorge, jupes blanches mi-longues, suffisamment transparentes pour laisser deviner des sous-vêtements blancs … Christophe a parlé le premier :
- Jonathan … ferme-la bouche !
Nous nous regardions l’une l’autre en riant. Je me suis avancée vers Jonathan pour lui enlever les gâteaux des mains :
- Et messieurs, je vous jure qu’on ne s’est pas concertées !
Jonathan avait le regard fixé sur la silhouette d’Annie dans l’ouverture de la baie vitrée. Le soleil jouait sur la transparence de sa robe, dévoilait ses jambes fines et faisait ressortir le triangle allongé de ses dessous.
Christophe s’est avancé vers elle :
- Quelle divine apparition ! voilà donc cette voisine que nous ne connaissions pas ! En-chanté … et charmé, jolie dame…
Annie, surprise lui a tendu la main. Il lui a donné un baisemain, puis l’a embrassée sur les deux joues.
Tenant toujours la main d’Annie, il s’est retourné vers Jonathan :
- Jonathan, bénit le ciel ! Ce soir nous dînons avec les trois Grâces ! Mesdames, vous êtes sublimes !
Véro et moi avons rejoint Annie, et en riant et nous tenant par le bras toutes les trois, nous les avons laissé admirer nos transparences :
- Jonathan … ferme la bouche !

Alain a versé deux bouteilles de champagne dans le grand saladier de punch et Véronique nous a servis, à la louche.
Nous l’avons dégusté autour de la table ronde installée sous l’érable.
Jonathan était assis entre Véro et moi ; tout le temps qu’elle a mis à nous servir, se penchant pour nous tendre nos verres, il n’a pas quitté des yeux ses fesses ; avec le soleil transperçant sa jupe, plus personne n’ignorait qu’elle portait un string.
Voyant mon regard amusé allant d’elle à Jonathan, Véro m’a fait un petit clin d’œil, retenant son rire en se mordant la lèvre. Annie n’en a rien perdu et m’a aussi fait un clin d’œil. Je leur ai fait un peitit signe pour attirer leur attention, et en me penchant au-dessus des jambes de Jonathan, j’ai fait mine de retirer une poussière imaginaire de la jupe de Véro. Les yeux de Jonathan ont plongé sur mes seins entièrement découverts dans le décolleté de mon caraco. Véro a bien failli renverser le verre qu’elle tendait à Christophe, et Annie a noyé son rire en plongeant le nez dans son verre. Christophe et Alain ne perdaient rien du petit jeu et secouaient la tête en levant les yeux au ciel. Christophe s’est tournée vers Annie, assise entre Alain et lui :
- Au moins vous , ne jouez pas à ces jeux cruels !
- Vous le regrettez ?
- Non, non … ce pauvre garçon va vivre une soirée … suffisamment difficile … avec ces deux furies sans que vous y participiez !
- … je pense vous connaître … mais je ne sais pas pourquoi …
- Moi aussi !
- (Alain) Christophe est libraire, tu es peut-être cliente …
- (Christophe) Mais oui ! attendez … des romans noirs … Millénium … et oui ! j’y suis ! vous cherchiez les derniers Jordan !
- Bonne mémoire ! c’est vrai, je me souviens de vous, maintenant …
- Je ne sais comment il fait ! Christophe associe toujours les livres qu’ils lisent aux vi-sages de ses clients !
- Parfois même je les invente ! Je croise quelqu’un dans la rue, et j’imagine quels livres lui conviendraient …
Annie a souri :
- Moi quand je croise quelqu’un, j’imagine sa vie … un nom, un métier, des manies …
- Ses amours ? Ses vices ?
- … aussi, oui …
Annie a un peu rougi en répondant et ça m’a donné envie de pousser un peu :
- Alors … dis-moi … qu’as-tu pensé de nous en nous voyant ?
Elle a semblé un peu gênée d’être au centre de l’intérêt, et puis elle a levé les yeux sur moi, et une petite lueur amusée dans ses yeux m’a fait comprendre qu’elle n’allait pas se défiler :
- Toi Alain, tu étais Brad Pitt !
Elle s’est mise à rire dans sa main et a continué :
- Vous avez vu Troie ? … sous la tente, avec Briseis … c’était toi …
- Waouh ! et moi ?
- Salomé, je t’appelais Salomé, belle et mystérieuse … dangereuse et sulfureuse …
- C’est vrai ?
- Oui oui ! La première fois que je t’ai vue t’étais Salomé …
Elle me regardait et riait, plus gênée du tout :
- Et la deuxième fois, la seule chose qui m’est venue à l’esprit c’est « oh ! merde , pas ça » !
Christophe ne comprenant pas :
- Pourquoi donc ?
J’ai pris les devants :
- Annie, je peux ?
Elle a soupiré, a pris un air résigné :
- Y’a plus que Christophe qui ne soit pas au courant ! Alors vas-y, raconte !
- Je suis pas au courant non plus, moi, c’est quoi l’histoire ?
- Ah ! Jonathan est redescendu sur terre ! … Raconte, Martina, nous t’écoutons !
Et comme je l’avais fait pour Alain et Véro, j’ai raconté comment j’avais vu Annie la première fois, les fesses à l’air sur le marchepied d’un camion … et bien sûr j’ai rajouté de nouveaux détails …
Véronique nous resservait du punch et tout en racontant, j’ai surpris l’excitation croissante et visible de Jonathan, sans savoir si elle était due aux jeux de reins de Véro où à mes descriptions ; aux deux, sans doute.

Ce qui m’a surprise, c’est de voir qu’il avait osé poser sa main sur la cuisse de Véro … et qu’elle ne la repoussait pas.
La saladier de punch était presque vide, et Véro picorait régulièrement les morceaux d’ananas qui restaient au fond.
Alain a allumé le barbecue et Annie et moi avons dressé la table et amené les entrées. Dans la cui-sine, entre deux allers-retours :
- C’est la troisième fois que tu racontes et tu en rajoutes toujours plus …
- J’ai exagéré ?
- Oh oui ! Et ça m’amuse aussi !
- T’as vu Jonathan, il se lâche !
- Non …
- Il caressait la cuisse de Véro …
- Oh ?
- Mmm mmm ! et apparemment elle laisse faire … ça l’amuse de l’exciter, elle en joue souvent avec lui …
- C’est pas très gentil ! ceci dit, c’est des jeux que j’aime bien aussi …
- Tu me raconteras ?
- Je sais pas ! Tu vas encore tout répéter à tout le monde …
Nous sommes revenues vers la terrasse en nous tenant par la taille, et j’ai embrassé Alain au pas-sage. Annie l’a embrassé aussi.
Véro et Christophe discutaient . La main de Jonathan était toujours posée sur la cuisse de Véro et nous nous sommes détournées en riant en voyant la bosse sans équivoque qui déformait son pantalon de toile.
Christophe a ouvert le vin, j’ai allumé des bougies, et nous avons mangé.
Christophe :
- Nous venons d’apprendre à mieux connaître Annie au travers d’un détail intime dont nous n’aurions rien su sans l’heureux hasard de ta présence dans la rue, Martina … que penseriez-vous si chacun de nous dévoilait volontairement un petit secret ?
Véronique n’a pas hésitée :
- Moi je veux bien commencer !
- Eh bien nous t’écoutons !
- Je vais vous raconter mon dépucelage ! c’est assez secret et intime pour vous ?
- C’est parfait, jeune fille, nous serons suspendus à vos lèvres !
- Alors voilà : … mais d’abord, il faut que je vous explique le contexte … j’ai eu mon bac à 17 ans, et quand je suis partie en fac d’éco, je connaissais rien de rien des choses du sexe.
Ma mère était « dame-catéchisme » de la paroisse, et c’était franchement pas un sujet qu’on abordait à la maison ! Une vraie oie-blanche ! Au bout d’un mois ou deux à la fac, j’ai fait la connaissance d’un petit groupe. Il y avait un garçon dans le groupe, je vous dis pas comme il était beau ! On s’amusait, on rigolait, et est arrivé ce qui devait arriver ! Un soir, dans une chambre d’étudiant qu’on squattait … y’avait des matelas par terre … on buvait du vin au goulot de la bouteille … il a commencé à m’embrasser, à promener ses mains sur ma poitrine … je me souviens pas trop … le vin m’avait bien tourné la tête … enfin, j’abrège … on a fini par se retrouver tous nus … J’avais jamais vu un garçon en érection de ma vie ! Maintenant que j’ai quelques éléments de comparaison, je peux vous dire que j’aurais dû m’enfuir à toutes jambes : c’était la taille XXL ! Juste le truc qui convient pas du tout pour une première fois ! Mais je savais pas … en plus, je savais à peine comment on s’y prenait ! Mais lui, il savait … Quand il a fini par rentrer son machin, j’ai jamais eu aussi mal de ma vie ! j’avais l’impression qu’on me déchirait le ventre, et ça s’arrêtait pas … et j’avais mal ! Je suis carrément sûre que j’ai appelé ma mère au secours ! Je pleurais toutes les larmes de mon corps et à un moment j’ai sans doute pensé que plus jamais je referais ça tellement j’avais mal … bon, rassurez-vous, depuis, j’ai changé d’avis ! Et rétrospectivement, je me rends bien compte qu’il avait pris beaucoup de précautions et qu’il avait été gentil … mais sur le moment … je me rendais pas compte … Voilà ! ma première expérience du sexe !
Tout le monde est resté silencieux un instant, et puis Alain a dit :
- Je vais prendre la suite …
Il est resté silencieux de longues secondes. Véro a fini son verre, et Jonathan nous a tous resservis. J’ai profité de son silence pour servir les gâteaux que Christophe avait amené, et Alain a commencé son histoire …

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